Cette capsule est inspirée de la description d'une réception tenue à Saint-Patrice en 1872 écrite dans son journal personnel. Celui-ci a été publié à Londres en 1891 sous le titre My Canadian journal, 1872-8: Extracts from my letters home, written while Lord Dufferin was Governor-General.
00:01 - 00:44
Comment organisait-on une réception à St. Patrick, dans les années 1870?
Dans la simplicité! Laissez-moi vous décrire ma première réception canadienne, à St. Patrick, près de Rivière-du-Loup.
C’était l’été 1872. Mon époux, Lord Dufferin venait d’être nommé gouverneur général. Une armée de moustiques nous avait accueillis à Ottawa… La chaleur, là-bas, était insupportable! Le premier ministre, John A. Macdonald, nous avait conseillé d’aller profiter de l’air de St. Patrick… Nous y étions trois jours plus tard!
À la fin de juillet, j’ai organisé une réception. Après le déjeuner, Lady Harriett Fletcher, épouse du secrétaire de Lord Dufferin, est venue m’aider, avec sa gouvernante et ses enfants.
00:45 - 01:42
Notre résidence louée n’était guère équipée pour les réceptions grandioses! Il a fallu nous contenter de tasses blanches épaisses et emprunter des bols à soupe et des rince-doigts aux voisins. Pour décorer, aucun ornement, aucune fleur cultivée à notre disposition. Nous avons fait avec les moyens du bord : des fougères, des roses sauvages et des baies rouges, que nous avons disposées en bouquets dans le salon et sur les tables. Même la cheminée était ornée de mousse, de branches de sapin et de fleurs aux couleurs vives. Les arrangements ont pris toute la matinée et nous ont beaucoup amusées.
Nous avons dû tout faire seules, sans même le soutien d’un aide de camp : sortir le lit de la chambre principale, puis y dresser des tables, où le thé, le café, le lait à la glace, le punch au champagne et les gâteaux seraient offerts aux convives. Sur le parterre, un jeu de croquet et des chaises attendaient les invités. Quelle splendide journée!
01:43 - 02:39
Les gens ont commencé à arriver vers quatre heures. La seconde voiture amenait trois prêtres avec des noms français. Ils n’avaient pas de carte d’invitation. J’avais demandé à Nowell, notre serviteur anglais, de présenter les invités en annonçant leurs noms à haute voix. Plusieurs ont souri en constatant que le pauvre homme, incapable de prononcer leurs noms, avait dû leur demander de les écrire sur un bout de papier pour l’aider!
Croquet, discussions au parterre, éloges sur nos ornements improvisés, léger goûter... Le temps a filé rapidement. À la fin de la réception et à la vue de beaucoup d’invités, les domestiques de mes voisins sont venus récupérer les choses qui m’avaient été prêtées. C’était très amusant de voir tasses, assiettes et chaises retourner chez leurs propriétaires. J’avais invité les gens de quatre à six heures, et comme Cendrillon, ils s’en allèrent en vitesse à six heures tapantes.