Comment l'est du Québec a-t-il été dépeint par ses visiteurs? Les premières représentations des rives de l’estuaire étaient destinées aux autorités britanniques. Peintes par des artistes formés dans les écoles militaires, elles détaillent, à partir de la rive ou d’un bateau, le paysage et sa topographie à des fins stratégiques. Déjà, ces images connaissent un certain succès auprès de leurs concitoyens britanniques dès la fin du 18e siècle.
Les tableaux du 19e siècle soulignent davantage l’aspect pittoresque des rives du Saint-Laurent. Le sujet peut être l’être humain dominé par l’immensité du paysage, un village et son église nichés au creux d’une vallée profonde, ou encore un paysan pauvre, mais libre et heureux. Certaines de ces œuvres ornent les résidences et les bureaux de l’élite canadienne, tandis que d’autres sont publiées sous la forme de gravures dans des journaux ou des guides de voyage.
D’autres œuvres sont plus intimistes: elles ont été réalisées par les villégiateurs eux-mêmes, qui ont parfois suivi des cours de dessin et de peinture auprès d’artistes renommés. Elles représentent la vue à partir de la terrasse de la villa familiale, la résidence et son jardin, les enfants, les bateaux de plaisance, le fruit d’une journée de pêche. Au dessin et à la peinture s’ajoute bientôt la photographie : les appareils photographiques de plus en plus petits et maniables permettent aux adolescents et aux adultes de croquer des scènes de la vie quotidienne.