Vers 1800, il existait déjà une tradition d’accueil chez les seigneurs du Bas-Canada. Plusieurs témoignages confirment que cette tradition était bien ancrée dans l’est du Québec. On sait, par exemple, que la bonne société de Québec et même d’Écosse va pêcher le saumon au manoir seigneurial de John Nairne avant 1802. Le seigneur John MacNider, quant à lui, accueille les visiteurs à son manoir de Métis. Cette politesse lui est retournée lorsqu’il se présente aux manoirs seigneuriaux de Rivière-du-Loup et de Kamouraska en août 1822.
Ceux qui n’ont pas l’honneur d’être invités chez le seigneur ont moins de chance. À Kamouraska, par exemple, il n’existe qu’un ou deux établissements pour accueillir les visiteurs vers 1815 : il s’agit de petites auberges qui reçoivent ordinairement les marchands ambulants et les employés des postes. Celui qui veut improviser un voyage doit s’attendre à dormir chez l’habitant, à l’étable ou, dans le pire des cas, à la belle étoile!
À partir des années 1830 et 1840, les familles aisées commencent à chercher des lieux de plus en plus éloignés des grands centres pour y passer leurs étés ou y faire de courts voyages. Les croisières font connaître l’est du Québec. Aubergistes et hôteliers saisissent alors l’occasion pour vanter leurs services aux touristes, s’annonçant dans les journaux de Montréal et de Québec. De nombreuses familles ouvrent des maisons de pension; certaines offrent même la possibilité de louer leur maison en entier. C’est le début d’une tradition d’accueil à plus grande échelle, qui n’est plus réservée aux représentants de l’aristocratie.