Touristes et villégiateurs partagent un même objectif en planifiant leurs vacances : briser la routine. Les villégiateurs sont devenus les spécialistes d’un art de vivre où les tracas quotidiens sont mis entre parenthèses : on s’éloigne de la maison, on reprend contact avec la nature, la famille, les amis. On se détend sur la plage, on lit, on jardine, on joue au golf... On laisse tomber certaines conventions sociales trop rigides, mais surtout, on ralentit le rythme.
Cet art des vacances est impossible sans temps libre et sans un minimum de moyens financiers. La classe moyenne qui émerge au 20e siècle accède graduellement à une nouvelle réalité: de vraies vacances! Quelques entrepreneurs francophones de l’est du Québec avaient déjà pris goût à la chasse et à la pêche sportive dès la fin du 19e siècle ; au début du 20e siècle, ils font des balades familiales en automobiles dans les places d'eau des environs et se construisent de petits chalets sur le bord du fleuve, d'une rivière ou d'un lac.
Dans la classe moyenne, ce n'est qu'après la Deuxième Guerre mondiale que la possession d'un chalet devient plus fréquente. Le chalet remplit plusieurs fonctions de la villa et du cottage, à plus petite échelle: c'est un lieu de rassemblement familial, un espace de liberté et la source des précieux souvenirs. Si les touristes de passage ne partagent pas le même sentiment d'ancrage dans la région, ils peuvent tout de même bénéficier, durant quelques jours, des douceurs de l'est du Québec.
Aujourd’hui, alors que le travail occupe une grande place dans la vie quotidienne, l'art de vivre développé par les villégiateurs fait rêver. Le nombre de revues consacrées au tourisme, aux chalets, au cocooning est impressionnant! Plusieurs se demandent malgré tout s'ils sont capables de trouver du temps pour prendre soin d'eux, de leur famille et de leurs amis. Est-ce une question de moyens?